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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/378

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commença par gronder Alfaro de n’avoir pas fait ouvrir un chemin, et lui ordonna d’y faire travailler sur-le-champ. Ensuite il envoya dire au général qu’il pouvait avancer sans défiance. Barrionuevo se remit aussitôt en marche. Henri, le voyant paraître dans un grand désordre, tout couvert de fange, et presque hors d’état de se soutenir, courut au-devant de lui, et témoigna une grande confusion de lui avoir causé tant de fatigues. Le général fit une réponse honnête, mais dans laquelle il fit sentir qu’on aurait pu traiter mieux un homme de son rang, et surtout un envoyé de l’empereur. Le cacique n’épargna point les excuses ; et, le prenant par la main, il le conduisit sous un grand arbre où ils s’assirent tous deux sur des couvertures de coton. Aussitôt cinq ou six capitaines vinrent embrasser le général, et, se retirant avec la même promptitude, ils allèrent se mettre à la tête de soixante soldats armés de boucliers, d’épées et de casques. Avec les mêmes armes, les capitaines étaient ornés de panaches, et tous avaient pour cuirasse le corps entouré de grosses cordes teintes en rouge. Les deux chefs après un court entretien, qui ne consista d’abord qu’en politesses, firent éloigner un peu leurs gens et l’on prête ce discours au général espagnol.

« L’empereur, mon seigneur et le vôtre, le plus puissant de tous les souverains du monde, mais le meilleur de tous les maîtres, et qui