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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/379

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regarde tous ses sujets comme ses enfans, n’a pu apprendre la triste situation où vous êtes réduit avec un grand nombre de vos compatriotes, et l’inquiétude où vous tenez toute cette île, sans être touché de la plus vive compassion. Les maux que vous avez faits aux Castillans, ses premiers et ses plus fidèles sujets, l’avaient d’abord irrité ; mais, lorsqu’il a su que vous étiez chrétien, et les bonnes qualités que vous avez reçues du ciel, sa colère s’est calmée, son indignation s’est changée en un désir ardent de vous voir entrer dans des sentimens plus conformes à vos lumières. Il m’envoie donc pour vous exhorter à quitter les armes, et vous offrir un pardon général, que sa bonté veut étendre à tous ceux qui ont pris parti pour vous : mais je porte aussi l’ordre de vous poursuivre sans ménagement, si vous vous obstinez dans votre révolte, et j’ai amené des forces qui m’en donnent le pouvoir. C’est ce que vous verrez encore mieux dans la lettre dont je suis chargé pour vous. Vous n’ignorez pas ce qu’il m’en a coûté pour vous l’apporter moi-même. J’ai méprisé les peines et les dangers pour obéir à mon souverain, et pour vous marquer particulièrement mon estime ; persuadé d’ailleurs que l’on ne devait point manquer de confiance avec un cacique en qui je sais qu’on a reconnu des sentimens dignes de sa religion et de sa naissance. »

Henri écouta ce discours avec beaucoup