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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/380

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d’attention, et reçut avec respect la lettre de l’empereur ; mais, comme il avait mal aux yeux, il pria le général de lui en faire la lecture. Barrionuevo la fit d’une voix assez haute pour être entendue des soldats du cacique. L’empereur donnait à Henri le titre de don, et la lettre contenait en substance ce que le général avait dit. Elle finissait par assurer les Américains que, s’ils se soumettaient de bonne grâce, l’audience royale avait ordre de leur assigner des terres où ils pussent vivre avec tous les avantages de l’abondance et de la liberté. Après la lecture, le général rendit la lettre au cacique, qui la baisa et la mit respectueusement sur sa tête. Il reçut aussi le sauf-conduit de l’audience royale, scellé du sceau de la chancellerie ; et, l’ayant examiné, il déclara qu’ayant toujours aimé la paix, il n’avait fait la guerre que par la nécessité de se défendre ; que si jusqu’alors il avait rejeté toutes voies d’accommodement, c’était parce qu’il n’avait pas trouvé de sûreté à traiter avec les Espagnols, qui lui avaient souvent manqué de parole mais que, recevant celle de l’empereur même, il acceptait humblement une faveur à laquelle il n’aurait osé prétendre.

En achevant sa réponse, il s’approcha de ses gens, leur montra la lettre de l’empereur, et leur fit entendre qu’il ne se sentait plus que de la soumission pour un grand prince qui lui témoignait tant de bonté. Ils répondirent avec leurs acclamations ordinaires, c’est-à-dire par