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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/383

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Son retour porta dans la capitale une joie égale à la crainte dont on était délivré ; mais quoique les réjouissances publiques dussent laisser peu de soupçon au député de don Henri, il ne voulut faire aucune démarche qui put engager son maître, sans avoir examiné à loisir si tout ce qu’il voyait n’était pas une ruse concertée. Son nom était Gonzale ; il allait de maison en maison pour s’assurer de la disposition à l’égard du traité. On pénétra ses inquiétudes, et les caresses qu’il reçut achevèrent de les dissiper. Il prit même tant de goût pour ce nouveau genre de vie, qu’il oublia de s’en retourner au terme qu’on lui avait prescrit. Ce retardement inquiéta le cacique ; il laissa passer quelques jours, après lesquels, voulant être informé de ce qui pouvait arrêter Gonzale, il s’approcha de la ville d’Azua, presque seul en apparence, mais soutenu par ses cinquante braves qu’il avait placés dans un bois voisin. Sur l’avis qu’il fit donner dans la ville qu’il souhaitait de parler à quelqu’un des habitans, une centaine d’Espagnols vinrent bientôt à lui, et l’abordèrent avec toute l’ouverture de l’amitié. Il demanda des nouvelles de Gonzale. On lui dit que depuis quelques jours il avait passé par Azua, dans une caravelle, accompagné d’un officier castillan, nommé Pierre Roméro, qui était chargé d’un plein pouvoir de l’audience royale pour la ratification du traité. Cette assurance lui causant beaucoup de joie, il fit appeler ses gens ; on s’embrassa, et la