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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/6

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retranchemens. Deux mille Tlascalans eurent ordre de nettoyer les chemins ; et pendant l’espace de deux lieues qui restaient jusqu’au sommet de la montagne, on continua de marcher aussi tranquillement que sur les terres de Tlascala.

De la hauteur où l’on était parvenu on découvrait dans l’éloignement le grand lac de Mexico. Le général ne manqua point d’exciter ses troupes par le souvenir des richesses qu’elles y avaient laissées et des injures qu’elles avaient à venger. La fumée qu’on remarquait dans les bourgades, et qui passait successivement de l’une à l’autre, fut prise pour un avis que les Mexicains se donnaient de l’approche de l’armée. On n’avança pas avec moins de résolution, quoique par des chemins fort rudes et dans l’épaisseur des bois. Enfin l’armée ennemie s’offrit de loin dans la plaine. Les Espagnols poussèrent des cris de joie, et les Tlascalans entrèrent dans une espèce de fureur que Cortez eut beaucoup de peine à modérer. L’ennemi était en bataille au-delà d’une grande ravine formée par les eaux qui tombaient impétueusement des montagnes. On la passait sur un pont de bois que les Mexicains auraient pu rompre ; mais Cortez apprit dans la suite qu’ils l’avaient conservé dans le dessein d’attaquer les Espagnols au passage. Cependant, à peine eurent-ils reconnu la nombreuse armée qui les menaçait, que, le courage paraissant leur manquer pour la défense de