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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/7

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leur poste, ils firent leur retraite avec beaucoup de précipitation. Comme ils s’étaient dérobés presque tout d’un coup, à la faveur des bois, sans qu’on pût juger si ces apparences de crainte ne couvraient pas quelque artifice, Cortez ne diminua rien de ses précautions : il se crut fort heureux, en observant les bords escarpés de la ravine, qu’on ne lui disputât point le passage du pont. Sa cavalerie, qu’il fit passer la première, n’alla pas loin sans découvrir les ennemis. Ils s’étaient ralliés derrière les bois ; mais l’approche des chevaux et quelques décharges de l’artillerie, que Cortez avait fait poster sur un bord élevé de la ravine, leur firent oublier toutes leurs ruses pour s’abandonner à la fuite. Toute l’armée, ayant passé le pont avant la nuit, se logea dans un bourg désert, sans autre précaution que de placer des corps de garde à toutes les avenues.

Toujours prévenu par la fortune, Cortez n’eut pas besoin d’attaquer Tezcuco. Cacumatzin, cacique de ce canton, déposé par Montézuma, et rétabli par le nouvel empereur, imagina de tendre un piége aux Espagnols, de leur ouvrir Tezcuco avec toutes les apparences de l’amitié, et d’y introduire la nuit les troupes mexicaines pour les égorger pendant leur sommeil ; mais, quand il vit que Cortez, en acceptant ses offres, se tenait toujours sur ses gardes et entrait dans Tezcuco comme dans une ville ennemie, la frayeur le saisit, il s’enfuit à Mexico, et il laissa aux Espagnols une