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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/109

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s’ils craignaient que leurs cris ne leur attirassent du secours ; et lorsqu’ils les ont étouffés, ils viennent les manger au-dessus. Un canotier qui s’endort imprudemment sur les planches de son canot, ou qui allonge dehors le bras ou la jambe, est souvent tiré dans l’eau et dévoré sur-le-champ. Les caïmans qui ont goûté de la chair humaine sont toujours les plus terribles. Entre divers piéges qu’on emploie pour les prendre ou les tuer, celui qu’on nomme casoneta est une espèce d’hameçon composé d’un morceau de bois fort et pointu par les deux bouts, qu’on enveloppe dans le foie de quelque animal. On l’attache au bout d’une grosse cordé liée par l’autre bout à quelque pieu ; il flotte sur l’eau, et le premier caïman qui l’aperçoit ne manque point de l’engloutir : mais les pointes du bois lui perçant les deux mâchoires, il demeure pris sans pouvoir ouvrir ni fermer la gueule. On le tire à terre : là, devenant furieux, il s’élance contre les assistans qui ne craignent point de l’irriter, parce qu’il ne peut plus leur faire d’autre mal que de les renverser par terre.

Entre les serpens, il y en a peu d’aussi venimeux que les corales, les serpens à sonnettes et les saules.

Les premiers sont longs de quatre ou cinq pieds, sur un pouce d’épaisseur. La peau de leur corps est tachetée de carrés rouges, jaunes et verts, avec toute la régularité d’un damier. Ils ont la tête plate et grosse comme les