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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/112

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nément les plus grandes absurdités sans examiner le degré de certitude, Ullao entreprend d’examiner la cause du phénomène, et se contente, dit-il, d’en changer un peu les accidens. « Premièrement, on raconte que, dans sa longueur et dans sa grosseur, cette couleuvre ressemble beaucoup à un vieux tronc d’arbre abattu qui ne tire plus aucune nourriture de ses racines. 2o. Son corps est environné d’une espèce de mousse, semblable à celle qui se forme autour des arbres sauvages. Cette mousse, qui est apparemment un effet de la poussière ou de la boue qui s’attache à son corps, s’humecte par l’eau et se dessèche au soleil. De là il se forme une croûte sur les écailles de la peau. Cette croûte, d’abord mince, va toujours en s’épaississant, et ne contribue pas peu à la paresse de l’animal, ou à la lenteur de son mouvement ; car, s’il n’est pressé de la faim, il demeure pendant plusieurs jours immobile dans un même lieu ; et lorsqu’il change de place, son mouvement est presque imperceptible. Il fait sur la terre une trace continue, comme celle d’un mât ou d’un gros arbre qu’on ne ferait que traîner. 3o. Le souffle que la couleuvre pousse est si venimeux, qu’il étourdit l’homme ou l’animal qui passe dans la sphère de son action, et lui fait faire un mouvement forcé qui le mène vers elle jusqu’à ce qu’elle puisse le dévorer. On ajoute que le seul moyen d’éviter un si grand péril est de couper ce souffle, c’est-à-dire de l’arrêter par l’interpo-