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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/118

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torses et les contusions. « Les Indiens, dit-il, nous l’apprirent ; nous en fîmes souvent l’expérience, et nous cherchions moins ces animaux pour les manger que pour en tirer l’huile, qui est jaune comme la cire, et qui a la même consistance que l’huile de palme. »

Mais toutes ces singularités n’approchent point de celles qu’on va lire. Les habitans du pays avaient raconté à Ulloa que, lorsque le caracol soldado croît en grosseur jusqu’à ne pouvoir plus rentrer dans la coquille qui lui servait de retraite, il va sur le bord de la mer en chercher une plus grande, et qu’il tue le limaçon dont la coquille lui convient le mieux, pour s’y loger à sa place. Un récit de cette nature fit naître au mathématicien la curiosité de s’en assurer par ses propres yeux. Il vérifia tout ce qu’on vient de rapporter d’après lui : à l’exception, dit-il, de la piqûre, dont il ne jugea point à propos de faire l’épreuve.

Les crapauds sont en nombre prodigieux dans toute cette zone. Ceux qui paraissent après la pluie sont si gros, que les moindres ont six pouces de long. Ulloa se persuade avec raison que l’humidité du pays voisin de la mer le rend propre à la production de ces reptiles ; qu’aimant les lieux aquatiques, ils fuient ceux que la chaleur dessèche ; qu’ils se tapissent dans les terres molles, au-dessus desquelles il se trouve assez de terre sèche pour les cacher, et que, lorsqu’il pleut, ils sortent de leurs terriers pour