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laisse une démangeaison insupportable. Ainsi, conclut douloureusement Ulloa, si l’ardeur du soleil rend les jours du pays longs et ennuyeux, ces cruels insectes ne rendent pas les nuits plus amusantes. En vain l’on recourt aux mosquiteros contre les petits, si la toile n’est si serrée qu’ils ne puissent pénétrer aux travers ; et l’on s’expose alors à étouffer de chaleur. La persécution des insectes volans va si loin, qu’une chandelle ne peut demeurer allumée trois ou quatre minutes hors d’un fanal. Ils voltigent autour de la lumière, et se précipitent dessus, de sorte qu’elle est éteinte en peu de temps.

Donnons, d’après le même voyageur, la description du petit insecte qui se nomme nigua, ou chique. Il est si petit, qu’il est presque imperceptible : ses jambes n’ont pas les ressorts de celles des puces ; ce qui n’est pas une petite faveur de la Providence, puisque, suivant Ulloa, « s’il avait la faculté de sauter, il n’y a point de corps vivant qui n’en fût rempli, et cette engeance ferait périr les trois quarts des hommes par les accidens qu’elle pourrait leur causer. » Elle est toujours dans la poussière surtout dans les lieux malpropres : elle s’attache aux pieds, à la plante même, et aux doigts.

Elle perce si subtilement la peau, qu’elle s’y introduit sans qu’on la sente. On ne s’en aperçoit que lorsqu’elle commence à s’étendre : d’abord il n’est pas difficile de l’en tirer ; mais