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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/124

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pas d’observer le terrain avant d’attacher leurs hamacs aux arbres. Toutes les marchandises, tissues, les toiles de lin, les étoffes de soie, d’or et d’argent, ont d’autres insectes pour ennemis. Ulloa en nomme un qui fait un extrême ravage ; c’est le comégen, « espèce de teigne si prompte et si vive dans ses opérations, qu’en moins de rien elle convertit en poussière le ballot de marchandises où elle se glisse. Sans en déranger la forme, elle le perce de toutes parts avec tant de subtilité, qu’on ne s’aperçoit point qu’elle y ait touché, jusqu’à ce qu’en y portant les mains, on n’y trouve, au lieu de toile ou d’étoffe, que des retailles et de la poussière. Cet accident est surtout à craindre après l’arrivée des gallions, qui offrent toujours une proie fort abondante au comégen. On n’a pu trouver d’autre préservatif que de placer les ballots sur des bancs élevés dont les pieds sont enduits de goudron, et de les éloigner des murs. Cet insecte, quoique si petit qu’on a de la peine à le discerner, n’ayant besoin que d’une nuit pour détruire toutes les marchandises d’un magasin, on ne manque point, dans le commerce de Carthagène, de spécifier, entre les pertes dont on demande l’indemnité, celle qu’on peut craindre du comégen : il est si particulier à cette ville, qu’on n’en voit pas même à Porto-Bello ni à Panama. »

La mer abonde en poissons de diverses espèces ; on citera les suivans pour leur singula-