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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/141

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chasseurs, qui montent sur les arbres pour découvrir leur proie, et qui, s’élançant dessus quand elle s’approche, la serrent avec tant de force qu’elle ne peut se remuer, et la dévorent toute vivante ; mais, lorsqu’ils ont avalé les bêtes entières, ils deviennent si pesans, qu’ils ne peuvent plus se traîner. On ajoute que, n’ayant pas toujours assez de chaleur naturelle pour digérer de si gros morceaux, ils périraient, si la nature ne leur avait pas suggéré un remède fort singulier : ils tournent le ventre au soleil, dont l’ardeur le fait pourir ; les vers s’y mettent, et les oiseaux, fondant dessus, se nourrissent de ce qu’ils peuvent enlever. Le serpent ne manque point d’empêcher qu’ils n’aillent trop loin, et bientôt sa peau se rétablit. Mais il arrive quelquefois, dit-on, qu’en se rétablissant elle renferme des branches d’arbres, sur lesquelles l’animal se trouvait couché, et l’on ne nous apprend point comment il se tire de ce nouvel embarras.

Plusieurs de ces monstrueux reptiles vivent de poisson, et le P. Montoya, de qui ce détail est emprunté, raconte qu’il vit un jour une couleuvre dont la tête était de la grosseur d’un veau, et qui pêchait sur le bord d’une rivière. Elle commençait par jeter de sa gueule beaucoup d’écume dans l’eau ; ensuite y plongeant la tête, et demeurant quelque temps immobile, elle ouvrait tout d’un coup la gueule pour avaler quantité de poissons, que l’écume semblait attirer. Une autre fois le même mis-