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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/142

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sionnaire vit un Américain de la plus grande taille qui, étant dans l’eau jusqu’à la ceinture, occupé de la pêche, fut englouti par une couleuvre qui, le lendemain, le rejeta tout entier. Il avait tous les os aussi brisés que s’ils l’eussent été entre deux meules de moulin. Les couleuvres de cette espèce ne sortent jamais de l’eau, et dans les endroits rapides, qui sont assez fréquens sur la rivière de Parana, on les voit nager en levant la tête, qu’elles ont très-grosse, avec une queue fort large. Les Américains prétendent qu’elles engendrent comme les animaux terrestres, et que les mâles attaquent les femmes de la manière qu’on le rapporte des singes. Le P. de Montoya fut un jour appelé pour confesser une Péruvienne qui, étant occupée à laver du linge sur le bord d’une rivière, avait été attaquée par un de ces animaux, et qui en avait souffert une amoureuse violence. Le missionnaire la trouva étendue au même endroit : elle lui dit qu’elle ne se sentait plus que quelques momens à vivre, et sa confession ne fut pas plus tôt achevée qu’elle expira. Les caïmans sont, dans ce pays, d’une grosseur prodigieuse.

On voit dans quelques cantons de ces provinces des caméléons d’une espèce bien singulière, puisqu’on leur donne cinq ou six pieds de long, sans compter qu’ils portent leurs petits avec eux, et qu’ils tiennent toujours la gueule ouverte du côté d’où vient le vent. On ajoute que c’est un animal fort doux,