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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/149

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Carthago. C’est le plus pénible de tous ceux que présente la Cordillière. On s’enfonce dans une forêt épaisse que l’on ne traverse qu’en dix ou douze jours, dans la plus belle saison, et où l’on ne trouve aucune cabane, aucun moyen de subsistance. Le sentier par lequel passe la cordillière, le plus souvent réduit à la largeur d’un ou deux pieds, ressemble, en grande partie, à une galerie creusée à ciel ouvert. Dans cette partie des Andes, comme à peu près partout ailleurs, le roc est couvert d’une couche épaisse d’argile. Les filets d’eau qui descendent de la montagne y ont creusé des ravins. On marche, en frémissant, dans ces crevasses, qui sont remplies de boue, et dont l’obscurité est augmentée par la végétation épaisse qui en couvre l’ouverture.

Les quebradas, dont on a déjà parlé dans le tableau général du Pérou, sont d’une dimension bien plus gigantesque. On peut les considérer comme des fentes immenses qui, partageant la masse des Andes, coupent et interrompent en quelque sorte la chaîne qu’elles traversent. C’est à travers ces portes naturelles que les grandes rivières descendent vers l’Océan atlantique, en franchissant la pente orientale de la Cordillière, qui est souvent plus escarpée que l’occidentale. Elle est si rapide près de Santa-Fé de Bogota, qu’il est impossible de parvenir aux plaines de Casouare par le Paramo de Chingala. Cette pente orientale est peu connue, et il est très-facile de