Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme les hommes à un froid qui les pénètre, elles sont accablées de lassitude. Tout le chemin, dans un espace de plus de deux lieues, est tellement couvert des ossemens de celles qui y ont péri, qu’il n’est pas même possible d’y reposer une seule fois le pied en les évitant. J’ai été obligé de passer par cette gorge pour venir m’embarquer sur la rivière de la Madeleine et me rendre à Carthagène en revenant en Europe. Comme je sortais de l’intérieur de la Cordillière, je devais être plus propre à supporter la rigueur de ce passage, qui a du côté du sud, à une distance de quatre à cinq lieues, une montagne neigée fort haute, nommée coucounoucou, volcan ancien, mais qui est actuellement éteint ; et du côté du nord, une autre montagne également couverte de neige, qui est celle de Houila. Il y a au haut de la gorge un petit étang dont l’eau n’était pas gelée, et à moins de 100 toises de distance de part et d’autre, se trouvent d’un côté les sources de Cauca, et de l’autre, du Rio Magdalena. Je vis des ballots qu’on avait laissés le long de la route ; on aimait mieux venir les reprendre un autre jour que de ne pas sortir entre deux soleils de ce pas dangereux. J’estime que l’intervalle entre Popayan et la Plata est de dix-neuf à vingt lieues, et on met ordinairement vingt à vingt-deux jours à faire ce chemin. »

M. de Humboldt préféra le passage de la montagne de Quindiu entre les villes d’Ibagua et de