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emportait le plan dressé, mais encore de bâtir une ville dans la baie de Tous-les-Saints. Le roi, pensant aussi à la conversion des Brasiliens, qu’il regardait comme ses sujets, s’était adressé au pape Paul iii, et à saint Ignace, fondateur des jésuites, pour leur demander des missionnaires. Il en obtint six, qui, à leur arrivée, bâtirent une ville qu’ils nommèrent San-Salvador.

Les Français, qui ont commencé partout des établissemens dont la plupart ont été depuis négligés ou perdus, portèrent aussi leur vue vers le Brésil dès l’an 1555. Villegagnon, chevalier de Malte, et vice-amiral, obtint de Henri ii la permission d’aller fonder une colonie dans le Nouveau-Monde. Secrètement attaché aux opinions nouvelles du protestantisme, il mena avec lui une foule de sectaires sous la protection du fameux amiral de Coligny, dont il donna le nom au premier fort qu’il bâtit dans une petite île, sur la côte du Brésil, où depuis l’on a bâti Rio de Janeiro ; mais Villegagnon, que les protestans ont ensuite traité d’apostat, gagné, dit-on, par le cardinal de Lorraine, revint au catholicisme ; et comme s’il eût voulu signaler son repentir par la persécution, il maltraita si fort les protestans, qu’il les força de partir, et fit perdre ainsi à la France une possession qui promettait de devenir florissante. Il les embarqua sur le vaisseau le Jacques, qui partit le 4 janvier 1558. Tout ce qu’il y avait de monde à bord montait à qua-