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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/198

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» Après avoir pris quatre jours de repos à Blavet, nous nous rendîmes à Hennebon, petite ville qui n’en est qu’à deux lieues, où les médecins nous conseillèrent de nous faire traiter. Mais un bon régime n’empêcha point que la plupart ne devinssent enflés depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tète. Trois ou quatre seulement, entre lesquels je me compte, ne le furent que de la ceinture en bas. Nous eûmes tous un cours de ventre si opiniâtre, qu’il nous aurait ôtè l’espérance de pouvoir jamais rien retenir, sans le secours d’un remède dont je crois devoir la recette au public. C’est du lierre terrestre et du riz bien cuit, qu’il faut étouffer ensuite dans le même pot avec quantité de vieux drap à l’entour ; on y jette ensuite des jaunes d’œufs, et le tout doit être mêlé ensemble dans un plat sur un réchaud. Ce mets, qu’on nous fit manger avec des cuillères comme de la bouillie, nous délivra tout d’un coup d’un mal qui n’aurait pu durer quelques jours de plus sans nous faire périr tous. »

Le Portugal continuait de jouir du Brésil depuis le règne d’Emmanuel, qui avait commencé à donner de la solidité aux premiers établissemens ; mais cette couronne étant passée, en 1581, sur la tête de Philippe ii, roi d’Espagne, les guerres que ce prince eut à soutenir contre la France et l’Angleterre, et surtout contre les mécontens des Pays-Bas, qui formèrent sous son règne la république des Provinces-Unies,