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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/211

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» Ses habitans se maintinrent quelque temps dans la piété, et les Américains du canton protégés par les jésuites, qui les faisaient traiter humainement, embrassaient le christianisme à l’envi ; mais cette ferveur dura peu, et la colonie portugaise de Saint-Paul de Piratininga, dont les missionnaires avaient espéré toutes sortes de secours, devint bientôt leur plus grand obstacle. La première source du mal fut une autre colonie voisine de Saint-Paul, où le sang portugais était fort mêlé avec celui des Brésiliens. Cet exemple fut contagieux pour Saint-Paul ; et par degrés il sortit du mélange des deux sangs une génération perverse, dont les désordres furent poussés si loin, qu’ils firent donner à ces métis le nom de Mamelus, pour exprimer apparemment leur ressemblance avec ces anciens brigands d’Égypte.

» Les efforts des gouverneurs, des magistrats et des supérieurs ecclésiastiques, ne purent empêcher que la dissolution ne devînt générale, et les Mamelus secouèrent enfin le joug des lois divines et humaines. Des bandits de diverses nations, portugais, espagnols, italiens et hollandais, qui fuyaient les poursuites de la justice des hommes, et qui ne craignaient point celle du ciel, s’établirent à Saint-Paul. Quantité de Brésiliens vagabonds s’y rassemblèrent aussi ; et le goût du brigandage s’étant bientôt ranimé parmi tant de gens accoutumés au crime, ils remplirent d’horreurs une immense étendue de pays. Le plus court eût été d’en purger la terre,