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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/212

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et les deux couronnes d’Espagne et de Portugal, réunies alors sur une même tête, y étaient également intéressées. Mais la ville, située sur la cime d’un rocher, ne pouvait être soumise que par la faim. Il fallait des armées nombreuses que le Brésil n’était point en état de fournir, sans compter qu’un petit nombre de gens déterminés pouvait en défendre les approches, et que, pour les réduire, il aurait fallu entre les deux nations un concert qui ne s’y est jamais trouvé.

» Ce qui paraît surprenant, et ce qui empêcha peut-être qu’on ne prit du moins quelques mesures contre les Mamelus, c’est qu’ils n’avaient pas besoin de sortir de chez eux pour jouir de toutes les commodités de la vie. On respire à Saint-Paul de Piratininga un air pur sous un ciel toujours serein. Le climat, quoique par les 24 degrés de latitude australe, est fort tempéré. Toutes les terres sont fertile et portent de très-beau froment. Les cannes à sucre y croissent en abondance, et les pâturages y sont excellens. Ainsi l’on ne peut attribuer qu’au goût du vice et du brigandage cette fureur qui leur a fait long-temps parcourir avec des fatigues incroyables et de continuels dangers de vastes régions sauvages qu’ils ont dépeuplées, dit-on, de deux millions d’hommes. D’ailleurs rien n’était plus misérable que la vie qu’ils menaient dans ces expéditions, qui duraient souvent plusieurs années, il y en périssait un grand nombre. D’autres, à leur retour, trouvaient