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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/219

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brasses, d’où sort une rivière, mais par des canaux si étroits, qu’à peine un canot y peut passer. Les eaux du lac ne laissent pas de s’enfler comme celles de la mer, lorsqu’elles sont agitées par le vent. Le poisson y est excellent, et d’une singulière grosseur. On y a même pris des lamantins dont plusieurs pesaient quarante arrobes, c’est-à-dire environ mille livres de France : les caïmans et les requins y sont aussi monstrueux.

Le gouvernement de Bahia, au nord d’Ilheos, occupe une longue étendue de côtes, et tire son nom de la vaste baie nommée Bahia-de-todos-os-Santos, Baie de tous les Saints, sur laquelle est située sa capitale San-Salvador ou Ciudad de Bahia. Cette ville se divise en deux parties : l’une, située sur le bord de la mer, est habitée par des ouvriers et des hommes de peine ; l’autre, bâtie sur une éminence élevée de 600 pieds au-dessus du niveau de la mer, est le séjour des gens aisés, parce qu’elle passe pour plus saine que l’autre, La population totale est évaluée à 70,000 habitans. Les maisons sont belles, garnies de balcons et de jalousies en place de croisées ; les églises et les édifices publics sont d’un grand style d’architecture, et ornés avec magnificence. San-Salvador fut long-temps la capitale du Brésil, le vice-roi y résidant. Lorsque la cour de Portugal arriva au Brésil, la flotte qui la portait atterrit d’abord à Bahia. Les habitans sollicitèrent la faveur de posséder la famille royale, et votèrent