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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/264

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quent à leur engagement sans l’aveu de leurs maris, sont assommées sans pitié. Une femme enceinte n’est pas dispensée du travail commun, parce qu’on le croit nécessaire pour l’heureux succès de sa délivrance ; car il n’est pas vrai, dit Léry, que les Brasiliennes accouchent sans douleur. Il raconte les circonstances d’un accouchement dont il fut témoin.

La première nourriture des enfans est non-seulement le lait de la mère, mais un peu de farine mâchée. On a déjà remarqué que c’est le mari qui se couche tranquillement pour recevoir les félicitations des voisins sur l’accroissement de sa famille. La femme ne demeure au lit qu’un ou deux jours ; et, portant son fruit pendu au cou, dans une écharpe de coton faite pour cet usage, elle reprend ses occupations domestiques. L’unique éducation que l’on donne aux enfans regarde la chasse, la pêche et la guerre. Mais Léry s’emporte contre ceux qui ont écrit que les Brasiliens ne connaissent point la pudeur, et qu’ils ne font pas difficulté d’user des droits du mariage en public. Il les représente, au contraire, fort jaloux de l’honnêteté naturelle, sans que leur nudité devienne jamais une occasion d’y manquer. Il assure aussi que, quoique les Brasiliennes aillent toujours nues, on ne leur voit jamais de marques de leurs infirmités périodiques ; d’où il faut conclure seulement qu’elles prennent grand soin de les cacher.

Toute la férocité des Brasiliens contre leurs