Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ennemis n’empêche point qu’ils ne vivent fort paisiblement entre eux. Dans l’espace d’un an, Léry ne vit que deux querelles particulières. Cependant, loin de séparer ceux qui veulent se battre, on leur laisse la liberté de se satisfaire ; mais si l’un des combattans est blessé, ses parens font la même blessure à l’autre, ou le tuent, s’il a tué son adversaire. La loi du talion est toujours observée à la dernière rigueur.

L’occupation des femmes, après les soins qu’on a rapportés, est de filer du coton pour en faire des hamacs et des cordes. Léry nous apprend leur manière de filer et de faire les tissus. Elles font aussi les vaisseaux de terre qui servent pour les liqueurs et les alimens : quoique rudes et grossiers en dehors, l’intérieur est non-seulement poli, mais plombé d’une liqueur blanche qui durcit en séchant. Elles ont d’ailleurs des couleurs grisâtres dont elles font avec des pinceaux diverses figures sur ce fond blanc, surtout dans la vaisselle où l’on sert les viandes ; ce qui donne un air fort agréable à leur service de table. Mais Léry observe que, n’ayant aucune règle de peinture, et ne suivant que leur imagination, elles ne font jamais deux fois les mêmes figures, et que cette variété même a de l’agrément.

Si l’on excepte quelques peuplades dont la férocité n’est pas différente de celle des bêtes, la plupart des Brasiliens reçoivent humainement les étrangers. On est même surpris de trouver