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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/310

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qu’à douze lieues au large, sont troubles à cause de la quantité de limon et de vase que les fleuves y portent.

Parmi les terres basses, celles où les eaux de la mer restent stagnantes se couvrent de mangliers ; les autres, inondées seulement par les eaux douces, portent des joncs, et servent d’asile aux caïmans, aux poissons et à toutes sortes de gibier aquatique. Ces dernières s’appellent savanes noyées. Les savanes sèches produisent des herbes excellentes pour le pâturage.

Le terrain des savanes noyées, composé de sable, de limon et de coquillages, paraît être en partie le produit de la mer qui, dans chaque inondation, y laisse un dépôt, et qui, en formant des dunes en plusieurs endroits, élève elle-même lentement la barrière qui doit un jour arrêter sa fureur. La mer rejette tantôt de la vase et tantôt du sable ; les mangliers rouges croissent aussitôt dans la vase, et lorsque les dunes de sables postérieurement formées interceptent l’eau de mer dont ils ont besoin, on les voit successivement mourir.

Quelques terrains isolés, qui s’élèvent au milieu des terres basses, paraissent avoir été anciennement des îles ; les atterrissemens successifs les ont enveloppés et réunis au continent. Mais à quatre et surtout à dix lieues de la mer, on rencontre des montagnes granitiques, quartzeuses ou schisteuses. Les roches calcaires sont inconnues dans la Guiane. Les petites montagnes qui bordent la côte,