Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/313

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

méditait une vengeance légitime. L’année précédente, Berréo, gouverneur de Saint-Joseph, capitale de la Trinité, avait enlevé huit hommes au capitaine anglais Whidon, qui était venu relâcher dans l’île. Raleigh, quelques jours après son arrivée, fut joint par deux autres navires de sa nation, commandés par les capitaines Gifford et Keymis, et se trouva en état de prendre le fort de Saint-Joseph, et de faire prisonnier le gouverneur Berréo. Il fut aidé, il est vrai, par des caciques de l’île, qui se joignirent à lui comme à l’ennemi naturel des Espagnols, leurs ennemis. Il avait encore un autre but en se rendant maître de la personne de Berréo. Il savait que cet Espagnol avait fait une tentative pour entrer dans la Guiane, et il voulait en tirer les lumières qui pouvaient lui être utiles pour le même projet. Il en apprit peu de chose. Berréo s’était conduit de manière à révolter tous les caciques et habitans du pays. Il avait ravagé quelques provinces, et avait été obligé de revenir bientôt sur ses pas ; cependant il avait acquis quelques connaissances dont il était redevable au cacique Carapana, le seul qui eût témoigné quelque inclination pour les Espagnols. Berréo, qui n’avait pas perdu l’espérance d’y retourner, fit tout ce qu’il put pour décourager Raleigh et lui montrer le danger de son entreprise. Il lui représenta que ses vaisseaux ne pourraient entrer dans l’Orénoque, ou qu’ils y seraient arrêtés par les sables et les bas-fonds, dont