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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/314

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les canots de Berréo étaient un témoignage certain, puisque, tirant à peine douze pieds d’eau, ils touchaient souvent le fond ; que les habitans éviteraient sa rencontre, et se retireraient dans les terres ; que s’il les faisait poursuivre, ils brûleraient leurs habitations.il ajouta que, l’hiver approchant, les inondations allaient commencer ; qu’on ne pourrait profiter de la marée ; qu’il ne fallait point espérer des provisions suffisantes par le secours des petites embarcations ; enfin que tous les caciques des frontières refuseraient de commercer avec lui, parce qu’à l’exemple de tant d’autres peuples, ils se croiraient menacés de leur destruction par les Européens.

Ces difficultés, quoique exagérées par un ennemi jaloux, n’étaient que trop réelles, comme Raleigh l’éprouva dans la suite ; mais il était bien éloigné de les croire insurmontables. Son imagination d’ailleurs était remplie de tout ce qu’il avait entendu raconter de la Guiane, de cette ville de Manoa, connue des Espagnols sous le nom d’el Dorado, et visitée par quelques voyageurs de cette nation ; du voyage de Jean Martinez, qui, disait-on, avait découvert le premier cette capitable du nouvel empire des incas. Ce Martinez rapportait qu’il avait passé sept mois dans cette ville, où il avait été reconnu pour Espagnol ; que cependant il avait été bien reçu ; mais qu’on ne lui avait permis d’aller nulle part sans garde, et sans avoir