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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/315

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les yeux couverts ; qu’enfin, ayant obtenu la liberté de partir avec beaucoup d’or, il avait été volé par les Américains à l’embouchure de l’Orénoque, et qu’il n’avait sauvé que deux bouteilles remplies d’or qu’ils avaient crues pleines de liqueurs. S’étant ensuite rendu à Portoric, Martinez y était mort : en mourant, il s’était fait apporter son or et la relation de ses voyages ; il avait donné l’or à l’église pour fonder des messes, et sa relation à la chancellerie de Portoric. Enfin Raleigh n’ignorait par les voyages de Pedro d’Orsua, de Jérôme d’Ortal, de Pédro Hernandez de Serpa, et de Gonzales Ximenès de Cazada, entrepris pour vérifier la découverte de Martinez. C’était sur ces fondemens qu’il était parti d’Angleterre, et qu’il assure « que celui qui conquerra la Guiane possédera plus d’or et régnera sur plus de peuples que le roi d’Espagne et l’empereur des Turcs. » Il répète plusieurs fois que ce qu’il entend par la Guiane est l’intervalle entre l’Amazone et l’Orénoque, à trois cents lieues, ou neuf cents milles des côtes de la mer du Nord.

Vraies ou chimériques, toutes ces preuves rendirent l’Anglais si sourd aux objections de Berréo, qu’il se hâta de faire partir Gifford, son vice-amiral, et le capitaine Galfied, pour reconnaître l’embouchure de la rivière de Capouri. Il y avait envoyé auparavant Whidon et Douglas, qui n’y avaient pas trouvé moins de neuf pieds d’eau ; mais c’était avec le flux ; et la marée ayant baissé avant qu’ils eussent fran-