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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/317

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il ne faisait que tourner autour d’une infinité de petites îles, toutes remplies d’arbres si hauts et si touffus, qu’ils troublaient également la vue et la navigation. Il nomma une de ces rivières ou de ces canaux Redross, c’est-à-dire croix rouge, parce qu’il jugea qu’aucun chrétien n’y était entré avant lui : là il découvrit un petit canot qui portait quelques Indiens ; et la galéasse les joignit avant qu’ils pussent se dérober dans les détours. D’autres Indiens, qui se présentaient sur le rivage, semblaient observer la conduite des Anglais ; et, ne voyant aucune marque de violence, ils s’avancèrent au bord de l’eau en demandant à traiter. Raleigh fit aussitôt gouverner vers eux ; mais pendant qu’il leur offrait ce qu’ils avaient désiré, son pilote indien, s’étant un peu écarté pour reconnaître le pays, rencontra un cacique qui voulut le tuer, pour avoir introduit des étrangers dans leurs terres, et il n’eut pas peu de peine à se sauver par la fuite. Les Indiens qui habitent ces îles sont les Tinitives, dont on distingue deux espèces, les Ciaouaris et les Oouraouaris.

L’Orénoque se divise en seize bras à son embouchure, neuf qui courent au nord, et sept au sud : les derniers forment des îles considérables. Du bras le plus septentrional au plus méridional, Raleigh ne compte pas moins de cent lieues ; ainsi, conclut-il, l’embouchure de ce fleuve surpasse en grandeur celle du fleuve des Amazones. Les Tinitives ont leurs habitations dans