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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/319

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lent cette cendre dans une liqueur qu’ils avalent.

En quittant le Ciaouris, Raleigh tomba dans le grand lit de l’Orénoque, qu’il était question de remonter ; mais, après quatre jours de navigation, il échoua vers le soir dans un lieu si dangereux, qu’en travaillant à soulager la galéasse de son lest, il faillit y perdre soixante hommes ; enfin, l’ayant remise à flot, il continua plus heureusement sa route pendant trois jours, et le quatrième son pilote indien le fit entrer dans l’Amano, grande rivière, dont les eaux semblaient descendre paisiblement sans aucun détour ; mais le cours en était si rude, qu’on n’y pouvait avancer qu’à force de rames. Les matelots eurent besoin des plus vives exhortations de leur chef pour soutenir un travail si continuel ; la chaleur était extrême, et les branches des arbres qui bordaient les deux rives causaient une autre peine aux rameurs. Cet obstacle dura si long-temps, que, les vivres commençant à manquer, il devint fort difficile à Raleigh de contenir ses gens. Cependant il leur représenta que, le pilote promettant dans peu de jours une route plus facile et des provisions en abondance, il y avait moins de risque à continuer leur navigation qu’à retourner en arrière : d’ailleurs ils ne manquaient pas de fruits sur le bord de la rivière, ni de poisson et de gibier, sans compter que les fleurs et les plantes dont les terres étaient couvertes semblaient confirmer toutes les promesses du pilote.