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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/324

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vin d’Espagne, dont il ne cessait point d’admirer le goût, Raleigh lui ayant demandé une route courte et sûre pour la Guiane, il offrit alors aux Anglais de les conduire à sa bourgade, avec promesse de leur donner un secours que la fortune avait réservé pour eux. En y arrivant, il leur fit présenter une liqueur si forte, qu’elle les enivra presque tous. « Elle est composée, dit Raleigh, de poivre de l’Amérique, et du suc de plusieurs herbes, qu’on laisse clarifier dans de grands vases. » Le cacique et les Indiens s’enivrèrent aussi.

Après cette fête, le cacique fit paraître devant les Anglais le secours qu’il avait vanté. C’était un Indien fort âgé, dont ils ne prirent pas une fort haute opinion sur sa figure, mais qui connaissait parfaitement toutes les parties de l’Orénoque, et sans lequel en effet ils ne se seraient jamais garantis des sables, des rochers et des îlots qu’on ne cesse point d’y rencontrer. Raleigh le reçut comme un présent du ciel.

Dès le jour suivant, les Anglais éprouvèrent l’habileté de ce nouveau guide par le conseil qu’il leur donna de profiter d’un vent d’est qui leur épargna le travail des rames. L’Orénoque, suivant Raleigh, est assez exactement est et ouest, depuis son embouchure jusqu’aux environs de sa source. En suivant son cours depuis Toparimaca, les Anglais auraient dû pénétrer en plusieurs endroits du Popayan et de la Nouvelle-Grenade. Pendant le premier jour, ils suivirent un bras du fleuve, qui a sur