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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/326

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bleuâtre, et paraissent contenir du fer, comme toutes les pierres qui se trouvent sur les montagnes voisines.

« Le lendemain matin, dit Raleigh, notre cours fut droit à l’ouest, avec moins de peine à résister au courant du fleuve. La terre s’ouvrait des deux côtés, et les bords en étaient d’un rouge fort vif. J’envoyai quelques hommes dans des canots, pour reconnaître le pays. Ils me rapportèrent que, dans toute l’étendue de leur vue, et du haut des arbres où ils étaient montés pour l’observer, ils n’avaient découvert que des plaines, sans aucune apparence de hauteur. Mon pilote de Toparimaca dit que ces belles campagnes se nommaient les plaines de Saymas, qu’elles s’étendaient jusqu’au pays de Cumana et de Caracas ; et qu’elles étaient habitées par quatre puissantes nations, les Saymas, les Assaouis, les Arroas, et les Ouikiris, qui battirent Hernando de Serpa, lorsqu’il vint de Cumana vers l’Orénoque avec trois cents chevaux pour conquérir la Guiane. Les Aroas ont la peau presque aussi noire que les nègres : ils sont robustes, et d’une valeur singulière. Le poison de leurs flèches est si subtil, que, sur le récit de ces Indiens, je me fournis des meilleurs antidotes pour en garantir nos gens. Outre qu’il est toujours mortel, il cause d’affreuses douleurs, et jette les blessés dans une espèce de rage. Les entrailles leur sortent du corps ; ils deviennent noirs, et la puanteur qu’ils exhalent est insupportable. »