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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/327

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Raleigh s’étonne beaucoup que les Espagnols, à qui les flèches empoisonnées de ces sauvages ont été si funestes, n’aient jamais trouvé de remède pour leurs blessures. » À la vérité, dit-il, les Indiens n’en connaissent point eux-mêmes ; et lorsqu’ils sont blessés d’un coup de flèche, ils ont recours à leurs prêtres, qui leur tiennent lieu de médecins, et qui font un grand mystère des remèdes qu’ils emploient. » L’antidote ordinaire des Indiens est le suc de la racine de Toupara, qui guérit aussi toutes sortes de fièvres, et qui arrête les hémorrhagies internes. Raleigh apprit de Berréo que quelques Espagnols avaient employé avec succès le jus d’ail. Mais, pour les poisons extrêmement subtils, tels que celui des Aroras, il exhorte à s’abstenir de boire, parce que tout ce qu’on avale de liquide sert à la propagation du venin, et que, si l’on boit, surtout peu de temps après avoir été blessé, la mort est inévitable.

Le troisième jour de leur navigation, les Anglais mouillèrent près de la rive gauche du fleuve, entre les montagnes d’Arvami et d’Aio. Après s’y être arrêtés jusqu’à minuit, ils passèrent l’île Manoripano, qui est fort grande, et d’où ils furent suivis par un canot chargé de quelques Indiens, qui les invitèrent à se reposer dans leurs habitations ; mais, s’étant défendus civilement de leurs instances, ils entrèrent le cinquième jour dans la province d’Aromaja, où ils mouillèrent à l’ouest de l’île de Murroe-