Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/329

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mandai quels étaient ceux qui habitaient au delà de cette vallée derrière les montagnes qui la bordaient de ce côté-là. Sur quoi il me dit en soupirant que dans sa jeunesse, et du vivant de son père, qui était mort fort âgé, il était venu dans cette grande vallée de la Guiane, des lieux où se couche le soleil, un peuple innombrable, qui portait de grandes robes et des bonnets rouges ; qu’il était composé de deux nations, les Oréjones et les Eporémérios ; qu’ayant chassé les anciens habitans du pays, elles s’étaient emparées de leurs terres jusqu’au pied des montagnes, à l’exception des Iraouaquaris et des Cassipagotos ; que son fils aîné, qui avait été choisi dans la suite de cette guerre pour mener du secours aux Iraouaquaris, avait péri avec tous ses gens dans un combat contre les usurpateurs, et qu’il ne lui était resté qu’un seul fils. Il ajouta que les Eporemérios avaient bâti, au pied de la montagne, à l’entrée de la vallée, une grande ville, dont les édifices étaient fort hauts ; que l’empereur des deux nations étrangères faisait garder constamment les passages par de nombreuses troupes, qui n’avaient pas cessé pendant long-temps de ravager et de piller leurs voisins ; mais que, depuis que les Espagnols cherchaient à s’emparer du pays, la paix s’était faite entre les Indiens, qui s’accordaient tous à les regarder comme leurs plus mortels ennemis. »

Raleigh, fort satisfait du vieux cacique, dans