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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/338

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de l’empereur de Manoa[1] était formidable, et que le triple de mes gens ne suffirait pas pour lui causer de l’inquiétude. Il ajouta que je ne devais jamais espérer de pouvoir pénétrer dans la Guiane sans l’assistance des ennemis de ce grand état, soit pour en recevoir des secours d’hommes, ou pour en tirer des rafraîchissemens et des provisions, que la longueur du chemin et l’excès de la chaleur rendaient également nécessaires ; que trois cents Espagnols, qui avaient entrepris la même expédition, étaient demeurés ensevelis dans la vallée de Macureguary, sans autres efforts, du côté de leurs ennemis, que de les avoir investis de toutes parts, et d’avoir mis le feu aux herbes, dont la fumée et la flamme les avaient étouffés. « D’ici, continua-t-il, on compte à Macureguary, quatre grandes journées de chemin. Les peuples de cette vallée sont les premiers Indiens de la frontière des incas : ils sont leurs sujets, et leur ville est d’une richesse extrême. Tous les habitans portent des habits. C’est de Macureguary que viennent toutes les plaques d’or qu’on voit aux Indiens de la côte : c’est là qu’elles se fabriquent ; mais plus loin, le travail est incomparablement plus beau. On y fait en or des figures d’hommes et d’animaux. »

» Je lui demandai combien il croyait qu’il

  1. On voit que non-seulement la transmigration des incas, mais encore l’existence de la ville de Manoa, continue de passer pour constante dans l’imagination de Raleigh.