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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/339

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me fallût d’hommes pour prendre la ville. Sa réponse fut incertaine. Je lui demandai encore s’il croyait du moins que je pusse compter sur le secours des Indiens. Il m’assura que tous les peuples des pays voisins se joindraient à moi dans cette guerre, supposé que, faute de canots pour tant d’hommes, la rivière offrît alors des gués, et pourvu que je lui laissasse cinquante soldats, qu’il me promettait d’entretenir jusqu’à mon retour. Je lui répondis qu’avec mes matelots et mes ouvriers je n’avais guère que ce nombre, et que d’ailleurs, ne pouvant leur laisser de poudre ni d’autres munitions, ils seraient en danger de périr par les mains des Espagnols qui chercheraient à se venger du mal que je leur avais fait à la Trinité. Cependant les capitaines Calfied, Grenville, Gilbert, et quelques autres, paraissaient disposés à demeurer ; mais je suis sûr qu’ils y auraient tous péri. Berréo attendait du secours d’Espagne, et de la Nouvelle Grenade. J’appris même ensuite qu’il avait déjà deux cents chevaux prêts à Curacas.

» Topiaouari me dit alors que tout dépendait donc de l’avenir et des forces avec lesquelles je reviendrais dans ses terres ; mais qu’il me priait de le dispenser, pour cette fois, de me fournir le secours de ses Indiens, parce qu’après mon départ les Eporémérios ne manqueraient pas de faire tomber sur lui leur vengeance. Il ajouta que les Espagnols cherchaient aussi l’occasion de le traiter comme son neveu,