Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/348

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

depuis la conquête. On assura aussi Raleigh que l’inca qui régnait dans la Guiane y avait fait bâtir un palais tout-à-fait semblable à ceux que ses ancêtres avaient au Pérou. « Tout le monde sait, dit-il à cette occasion, la quantité d’or que les conquérans espagnols ont tiré de ce vaste empire ; mais je suis convaincu que le prince qui règne à Manoa en possède beaucoup plus qu’il n’y en a dans toutes les Indes occidentales.

» À présent, dit-il encore, je vais parler de ce que j’ai vu moi-même. Ceux qui aiment les découvertes peuvent compter qu’ils trouveront de quoi se satisfaire en remontant l’Orénoque, où tombent un grand nombre de rivières qui conduisent dans une étendue de terres, à laquelle je donne de l’est à l’ouest plus de deux mille milles d’Angleterre, et plus de huit cents du nord au sud. Toutes ces terres sont riches en or et en marchandises propres au commerce. On y trouve les plus belles vallées du monde. En général, le pays promet beaucoup à ceux qui entreprendront de le cultiver. L’air y est si pur, qu’on y rencontre partout des vieillards de cent ans. Nous y passâmes toutes les nuits sans autre couverture que celle du ciel ; et dans tout le cours de mon voyage je n’eus pas un Anglais malade. Le sud de la rivière a du bois de teinture qui l’emporte, suivant mes lumières, sur celui du reste de l’Amérique : on y trouve aussi beaucoup de coton, d’herbe à soie, de baume et de poivre,