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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/373

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sans jeu dans les mâchoires ; mais l’animal n’a besoin ni d’une plus grande ouverture, ni de beaucoup de mobilité dans la bouche, pour recevoir et mâcher la nourriture que la nature lui a destinée. Il ne mange que des fourmis et des termès. Il traîne sur les immenses fourmilières de l’Amérique méridionale sa langue charnue, presque cylindrique, très-flexible, longue de plus de deux pieds, se repliant dans la bouche lorsqu’elle y rentre tout entière enfin enduite d’une humeur visqueuse et gluante ; il la retire avec les fourmis qui y sont prises et qu’il avale. Il répète cet exercice jusqu’à ce qu’il soit rassasié, et avec tant de prestesse, que dans une seconde de temps il retire et rentre deux fois sa langue chargée d’insectes.

La même raideur qui existe dans les mâchoires du tamanoir se fait remarquer dans tous ses membres. Ses jambes antérieures, fortes, comprimées sur les côtés, et tout d’une venue, ont l’air de billots courts ; celles de derrière sont si mal conformées qu’elles ne paraissent pas faites pour marcher. Ses pieds sont ronds ; ceux de devant sont armés de quatre ongles ; les deux du milieu sont les plus grands. Les pieds de derrière ont cinq doigts et cinq ongles. Les pates de devant ressemblent à des moignons plutôt qu’à des mains ; l’animal n’en fait guère usage pour marcher, car il s’appuie sur la partie dure de la chair ou sur l’ongle extérieur ; les trois autres sont très-courts,