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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/389

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Le lac de Valencia, nommé par les Indiens Tacarigua, offre un coup d’œil plus agréable. Ses bords, ornés d’une végétation féconde, jouissent de la température la plus douce. Long de treize lieues sur une largeur de quatre, il reçoit une vingtaine de rivières, et n’a aucune issue, étant séparé de la mer par un espace de six lieues rempli de montagnes escarpées.

Les provinces de Caracas sont très-riches en rivières, ce qui procure beaucoup de facilité pour l’arrosement ; celles qui serpentent dans la chaîne des montagnes se déchargent dans la mer, et courent du sud au nord, tandis que celles qui prennent leur source sur le revers méridional de la montagne parcourent toute la plaine, et vont porter leurs eaux à l’Orénoque. Les premières sont en général encaissées par la nature ; elles ont une pente suffisante pour ne déborder que rarement, et pour que ces débordemens ne soient ni longs ni nuisibles ; les secondes, qui coulent sur un terrain plus uni, confondent leurs eaux une partie de l’année, et ressemblent alors plutôt à une mer qu’à des rivières débordées.

Les sources de l’Orénoqne ne sont guère plus connues que celles du Nil. Elles n’ont encore été visitées ni par les Européens, ni par aucun naturel qui ait eu quelque relation avec eux. Des moines franciscains ont pénétré jusqu’à l’embouchure du Chiguiré, où l’Orénoque est si étroit, que, près de la cataracte des Guabaribès, les naturels y ont jeté un pont de