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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/390

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lianes tressées ; mais la nation des Guaïcas, race d’hommes d’une blancheur surprenante, mais très-petits, empêchent d’avancer plus loin vers l’est les voyageurs, qui redoutent leurs flèches empoisonnées. Suivant l’opinion la plus probable, l’Orénoque sort de la pente méridionale de la chaîne des montagnes qui s’étendent dans la Guiane. Suivant les témoignages les moins suspects, il prend sa source sous les 5° 5′ de latitude, dans le petit lac d’Ypova, qui est couvert de roseaux. Ce n’est long-temps qu’un torrent impétueux, qui, au milieu des forêts épaisses, se fraie un chemin au nord et au sud, au milieu des montagnes. Il fait ensuite un grand détour en spirale, et entre dans le lac Parimé, dont l’existence a été reconnue par don Solano, gouverneur de Caracas, mais qui peut-être doit son origine à des débordemens plus ou moins temporaires. Ensuite, bordé de rivages sans arbres, il coule lentement à l’ouest sur une surface presque horizontale. L’Orénoque est du nombre de ces fleuves singuliers qui, après avoir fait beaucoup de détours à l’est et à l’ouest, au nord et au sud, suivent enfin une direction tellement opposée à celle qu’ils ont prise d’abord, que leur embouchure se trouve à peu près sous le même méridien que leur source. Du Chiguiré au Gehelté, l’Orénoque court à l’ouest, comme s’il voulait porter ses eaux au grand Océan. Dans cet intervalle, il envoie au sud un bras très-remarquable, nommé le Cassiquiaré, qui