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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/392

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et ses eaux douces couvrent au loin l’Océan. Ses ondes verdâtres, ses vagues d’un blanc de lait, au-dessus des écueils, contrastent avec le bleu foncé de la mer, qui les coupe par une ligne bien tranchée.

Le courant formé par l’Orénoque entre le continent de l’Amérique méridionale et l’île de la Trinité, est d’une telle force, que les navires, favorisés par un vent frais de l’ouest, peuvent à peine le refouler. Cet endroit solitaire et redouté s’appelle le Golfe triste ; l’entrée en est formée par la bouche du dragon, nom que lui imposa Christophe Colomb.

Les marées, peu sensibles sur la côte septentrionale de Caracas, depuis le cap de la Vela jusqu’au cap Paria, deviennent très-fortes depuis ce dernier cap jusqu’à l’embouchure de l’Essequebo. Un grand inconvénient, commun à toutes les provinces de Caracas, est d’être continuellement exposées aux ras de marée et à ces lames houleuses qui ne paraissent nullement occasionées par les vents, mais qui n’en sont pas moins incommodes, ni souvent moins dangereuses.

D’après la position de ce pays, qui est compris tout entier entre le 12e. degré de latitude septentrionale et la ligne, on serait porté à croire qu’il ne doit offrir qu’une terre inhabitable par l’excès de la chaleur ; mais la nature y a tellement diversifié la température, suivant la différence des niveaux au-dessus de l’Océan, qu’on jouit dans quelques endroits de la fraî-