Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/400

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

venue moins inhabitable. Pour faciliter les relations entre la côte et la Guiane on a formé quelques établissemens sur le bord des rivières, et l’on a commencé à élever des bestiaux dans les parties encore plus reculées de cet espace immense. Ils s’y sont prodigieusement multipliés malgré les nombreux dangers auxquels ils sont exposés dans la saison de la sécheresse et dans celle des pluies, qui est suivie de l’inondation. Au sud, la plaine est entourée par une solitude sauvage et effrayante. Des forêts d’une épaisseur impénétrable remplissent la contrée humide située entre l’Orénoque et le fleuve des Amazones. Des masses immenses de granit rétrécissent le lit des fleuves ; les montagnes et les fonds retentissent sans cesse du fracas des cataractes, du rugissement des bêtes féroces, et des hurlemens du singe barbu, qui annoncent la pluie.

» Dans la partie supérieure du domaine de l’Orénoque, entre le troisième et le quatrième parallèle nord, la nature a plusieurs fois répété le phénomène singulier de ce qu’on appelle les eaux noires. L’Atabapo, le Témi, le Tuamini et le Guaïnia, ont des eaux d’une teinte couleur de café. À l’ombre des massifs de palmiers, leur couleur passe au noir foncé ; mais dans des vaisseaux transparens, elles sont d’un jaune doré. L’image des constellations australes s’y reflète avec un éclat singulier. L’absence de crocodiles et de poissons, une fraîcheur plus grande, un moindre nom-