Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au Tucuman, au Pérou, et même en Espagne ; il souffre difficilement le transport : on assure même que cette herbe, prise sur les lieux, a je ne sais quelle amertume qu’elle n’a point ailleurs, et qui augmente sa vertu comme son prix.

La grande fabrique de cette herbe est à la Villa ou la nouvelle Villaricca, qui est voisine des montagnes de Maracayn, situées à l’orient du Paraguay, vers les 25° 25′ de latitude australe. On vante ce canton pour la culture de l’arbre ; mais ce n’est point sur les montagnes qu’il y croît, c’est dans les fonds marécageux qui les séparent. On en tire pour le Pérou jusqu’à cent mille arrobes, de vingt-cinq livres seize onces de poids, et le prix de l’arrobe est de sept écus de France. Cependant le caacuy n’a point de prix fixe, et le caamini se vend le double du caaguazu. Les peuples établis dans les provinces d’Uraguay et de Parana, sous le gouvernement des jésuites, ont semé des graines de l’arbre, qu’ils ont apportées de Maracayu, et qui n’ont presque pas dégénéré. Elles ressemblent à celles du lierre ; mais ces nouveaux chrétiens ne font point d’herbe de la première espèce ; ils gardent le caamini pour leur usage, et vendent le caaguazu ou palos pour payer le tribut qu’ils doivent à l’Espagne.

Les Espagnols croient trouver dans cette herbe un remède ou un préservatif contre tous leurs maux. Personne ne disconvient qu’elle ne soit apéritive et diurétique. On raconte que,