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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/86

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dans les premiers temps, quelques-uns en ayant pris avec excès, elle leur causa une aliénation totale des sens, dont ils ne revinrent que plusieurs jours après ; mais il paraît certain qu’elle produit souvent des effets fort opposés entre eux, tels que de procurer le sommeil à ceux qui sont sujets à l’insomnie, et de réveiller ceux qui tombent en léthargie, d’être nourrissante et purgative. L’habitude d’en user la rend nécessaire ; et souvent même on a de la peine à se contenir dans un usage modéré, quoiqu’on assure que l’excès enivre et cause la plupart des incommodités qu’on attribue aux liqueurs fortes.

L’infusion de l’herbe du Paraguay se nomme maté au Pérou. Pour la préparer, on en met une certaine quantité dans une coupe de calebasse, ornée d’argent, qu’on appelle aussi maté ou totumo, ou calabacito. On jette dans ce vase une portion de sucre, et l’on verse un peu d’eau froide sur le tout, afin que l’herbe se détrempe : ensuite on remplit le vase d’eau bouillante ; et comme l’herbe est fort menue, on boit par un tuyau assez grand pour laisser passage à l’eau, mais trop petit pour en laisser à l’herbe. À mesure que l’eau diminue, on la renouvelle, ajoutant toujours du sucre, jusqu’à ce que l’herbe cesse de surnager. Alors on met une nouvelle dose d’herbe. Souvent on y mêle du jus d’orange amère, ou de citron, et des fleurs odoriférantes. Cette liqueur se prend ordinairement à jeun ; cependant plusieurs per-