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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/102

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dans leur langue des yeux à neige ; ce son de petits morceaux de bois ou d’ivoire, destinés pour la conservation des yeux, et noués derrière la tête. Leur fente est précisément de la longueur des yeux ; mais elle est fort étroite, ce qui n’empêche point de voir fort distinctement au travers, sans en ressentir la moindre incommodité. Cette invention les garantit de l’aveuglement, maladie terrible pour eux, et fort douloureuse, qui est causée par l’action de la lumière fortement réfléchie de la neige, surtout au printemps, quand le soleil est plus élevé au-dessus de l’horizon. L’usage de ces machines leur est si familier, que, s’ils veulent observer quelque chose dans l’éloignement, ils s’en servent comme d’une lunette d’approche.

On observe le même esprit d’invention dans leurs instrumens de pêche et de chasse à l’oiseau : leurs harpons et leurs dards sont bien faits, et convenables à l’usage qu’ils en font ; la construction de leurs arcs est surtout fort ingénieuse ; ils sont composés de trois morceaux de bois, garnis avec autant d’art que de propreté : c’est du sapin ou du mélèse ; mais ces bois n’étant ni forts ni élastiques, les sauvages suppléent à ces deux défauts en les renforçant par-derrière avec une bande de nerfs ou de tendons de bêtes fauves. Ils mettent souvent leurs arcs dans l’eau, et l’humidité, qui fait rétrécir ces cordes, leur donne tout à la fois plus de force et d’élasticité ; mais on a vu que,