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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/105

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vait être le plus utile à sa conservation. L’homme prétendit que, dans un âge si tendre, il avait plus de secours à tirer de sa mère ; mais elle soutint, au contraire, qu’il n’en pouvait espérer que de son père, parce qu’étant du même sexe il devait prendre de lui des leçons de chasse et de pêche ; et, recommandant à son mari de ne jamais négliger les soins paternels, elle se jeta dans le fleuve, où elle fut bientôt noyée. L’homme parvint au rivage avec son enfant. Mais cette aventure surprit d’autant moins Ellis, qui avait déjà remarqué dans ces peuples fort peu d’égards pour les femmes. Un homme qui est assis à terre se trouve fort offensé qu’une femme lui cause la moindre incommodité dans cette posture ; et c’est un usage établi que jamais les hommes ne boivent dans le même vase après leurs femmes.

La coutume d’étrangler les vieillards, qu’on a rapportée sur le témoignage de Jérémie, est confirmée par Ellis, mais avec des circonstances qui la rendent encore plus étrange : il l’étend aux deux sexes. « Quand les pères et les mères sont dans un âge qui ne leur permet plus le travail, ils ordonnent à leurs enfans de les étrangler. C’est de la part des enfans un devoir d’obéissance auquel ils ne peuvent se refuser. Le vieux père entre dans une fosse qu’ils ont creusée pour lui servir de tombeau ; il s’entretient quelque temps avec eux en fumant du tabac et buvant quelques verres de liqueur. Enfin, sur un signe qu’il leur fait, ils lui met-