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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/106

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tent une corde autour du cou, et chacun tirant de son côté, ils l’étranglent en un instant. Ils sont obligés ensuite de le couvrir de sable, sur lequel ils élèvent un amas de pierre. Les vieillards qui n’ont pas d’enfans exigent le même office de leurs amis ; mais ce n’est plus un devoir, et souvent ils ont le chagrin d’être refusés. On ne voit point que, dans le dégoût qu’ils ont de la vie, ils pensent jamais à s’en délivrer par leurs propres mains.

Ellis, qui fait profession de ne rien publier qu’il n’ait vu de ses propres yeux, s’étend sur une autre pratique des mêmes Indiens, qu’on prendrait pour un badinage, s’il n’y joignait une invective sérieuse contre sa nation. « On en voit plusieurs qui font le métier de charlatans avec toutes sortes de drogues qu’ils achètent dans nos comptoirs, telles que du sucre, du gingembre, de l’orge, toutes sortes d’épiceries, des graines pour le jardinage, de la réglisse, du tabac en poudre, etc. Ils les débitent en petites portions, qu’ils vantent comme des remèdes pour diverses maladies, comme des spécifiques pour la pêche, la chasse, les combats, etc. C’est des Anglais mêmes qu’ils reçoivent toutes ces idées ; et je ne puis dissimuler qu’un tiers du commerce de la baie d’Hudson dépend aujourd’hui de ces charlatans indiens, qui trompent leurs compatriotes en troquant leurs fausses drogues pour de bonnes fourrures, qu’ils viennent trafiquer parmi nous. Cette imposture est sans doute avan-