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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/119

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huit pieds d’épaisseur, sans compter plusieurs pieds de neige dont elle était revêtue. Nous n’avions pas besoin de sel pour conserver nos provisions : tous les animaux qu’on tuait à la chasse étaient aussitôt gelés que morts, et demeuraient dans cet état depuis le mois d’octobre jusqu’au mois d’avril, que, commençant à se dégeler, ils se corrompaient fort vite.

Les animaux qui sont ordinairement bruns ou gris deviennent blancs en hiver. Quelques voyageurs ont cru qu’en changeant de couleur ils changeaient aussi de poil ou de plumes ; mais Ellis observa, dès le commencement du froid, que le poil des lapins n’avait que la pointe blanche, tandis que, vers la racine, il avait encore sa couleur naturelle. On conçoit que le contraire devrait arriver, si ces animaux changeaient réellement de poil.

Plusieurs matelots de l’équipage anglais eurent le visage, les oreilles et les doigts des pieds gelés, mais avec peu de danger. Pendant que la chair est dans cet état, elle est blanche et dure comme la glace ; frottée d’une main chaude, ou plutôt avec des mitaines de castor, elle dégèle. Cet accident, lorsqu’on y porte un prompt remède, ne laisse qu’une ampoule à la partie offensée ; mais si le froid a le temps de pénétrer, elle meurt, et ne redevient jamais sensible ; sur quoi Ellis observe qu’un froid extrême produit ainsi le même effet qu’un même degré de chaleur, et qu’une partie gelée se guérit à peu près comme une partie brûlée.