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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/120

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Il remarque aussi qu’après avoir été gelée une fois, elle devient beaucoup plus susceptible du même accident que toute autre partie du corps.

Dans ces contrées, la nature donne à tous les animaux des fourrures fort épaisses, qui paraissent capables de résister au froid ; mais à mesure que la chaleur revient, ce poil tombe par degrés. Le même renouvellement arrive aux chiens et aux chats qu’on y mène d’Europe. Le sang étant plus froid et sa circulation moins vive dans les parties les plus éloignées du cœur, telles que les pâtes, la queue et les oreilles, elles sont plus susceptibles au grand froid ; mais on voit ici peu d’animaux qui aient ces parties fort longues. L’ours, le lapin, le lièvre, l’espèce de chat qui est propre à l’Amérique, le porc-épic, etc., les ont extrêmement courtes ; et s’il se trouve quelques animaux qui les aient longues, tels que les renards, etc., ils les ont, en récompense, extrêmement garnies d’un poil touffu qui les garantit.

Pendant les grands froids, si l’on touche du fer, ou tout autre corps uni et solide, les doigts y tiennent aussitôt par la seule force de la gelée. En buvant, touche-t-on le verre de la langue ou des lèvres, on emporte souvent la peau pour le retirer. Tous les corps solides, tels que le verre et le fer, acquièrent un tel degré de froid, qu’ils résistent long-temps à la plus grande chaleur. « Un jour, dit Ellis, je portai dans notre logement une hache qu’on avait laissée dehors ; je la mis à six pouces d’un