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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/121

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bon feu, et je pris plaisir à jeter de l’eau dessus : il s’y forma sur-le-champ un gâteau de glace, qui se soutint quelque temps contre l’ardeur du feu. Il y a beaucoup d’apparence que les montagnes de glace s’accroissent de même, pendant que l’air qui les environne est tempéré.

« On avait fait un trou de douze pieds de profondeur, pour y garantir nos liqueurs du froid, avec le soin de les y placer entre deux lits d’arbrisseaux et de mousse d’un pied d’épaisseur, et le tout avait été recouvert de douze pieds d’une terre savonneuse. Non-seulement ces précautions n’empêchèrent point que plusieurs de nos tonneaux de bière ne fussent gelés, et ne crevassent même, quoique reliés de cercles de fer ; mais, ayant eu la curiosité de faire creuser, j’y trouvai la terre gelée quatre pieds au-delà, et de la dureté d’Une pierre. » Qui ne s’imaginerait, ajoute Ellis, que les habitans d’un si rigoureux climat doivent être les plus malheureux de tous les hommes ? Cependant ils sont fort éloignés d’avoir cette opinion de leur sort. Les fourrures dont ils sont couverts, la mousse et les peaux dont leurs cabanes sont revêtues les mettent de niveau avec les peuples des climats plus tempérés. S’ils ne forment point de sociétés nombreuses, c’est qu’ils trouveraient plus difficilement de quoi s’habiller et se nourrir ; : mais en changeant souvent d’habitations pour se procurer des chasses et des pêches abondantes, il leur est toujours aisé de satisfaire à ces deux besoins. Enfin cette rigueur du climat ne re-