Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

empêcha la cour de suivre alors un si beau projet. On voit seulement qu’après la cession de l’Acadie, les Français, n’ayant plus d’autre lieu que le cap Breton pour faire sécher les morues, et même pour en faire paisiblement la pêche, se trouvèrent dans la nécessité d’y former une résidence constante et de s’y fortifier. Le nom d’Île Royale fut substitué à celui d’île du cap Breton. On délibéra long-temps sur le choix d’un port, et le partage des sentimens était entre le Hâvre-à-l’Anglais et le port Sainte-Anne. Enfin la facilité d’entrer dans le premier lui fit obtenir la préférence. Il fut nommé Louisbourg ; et les fondemens d’une ville de même nom furent jetés sur une langue de terre qui en forme l’entrée. Costebelle, qui venait de perdre le gouvernement de Terre-Neuve, fut nommé pour commander dans la nouvelle colonie.

Il paraît qu’on avait compté de transférer dans la nouvelle ville tous les Français établis dans l’Acadie ; mais que, ne trouvant point dans l’Île Royale tous les avantages dont ils jouissaient dans leur ancien établissement, et les gouverneurs anglais n’ayant rien épargné pour les retenir, ils prirent le parti d’y rester. Cependant, quelques années après, ils s’en fallut peu qu’ils ne changeassent d’avis. Richard, gouverneur anglais d’Acadie, en 1720, fut surpris de les voir vivre comme dans une province de la domination française, c’est-à-dire que, s’étant engagés seulement à