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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/147

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se voyant entouré de vaisseaux ennemis. Il ne se déconcerta point ; et quoique son bâtiment, surchargé d’armes et de munitions de guerre, tirât trop d’eau pour lui laisser l’usage de sa batterie basse, il entreprit de se défendre jusqu’à la dernière extrémité.

Il fut d’abord attaqué par la frégate qu’il s’était flatté d’enlever, et par deux vaisseaux, l’un de soixante, l’autre de cinquante pièces de canon ; enfin par l’escadre entière. Le feu, qui commença vers deux heures après midi, fut terrible de toutes parts. Maison-Forte et tous ses gens firent des prodiges de conduite et de valeur. La victoire fut réellement balancée jusqu’à neuf heures du soir, que les Français, ayant leur gouvernail brisé, toutes leurs manœuvres hachées, et leur château-d’avant fracassé, se virent près de couler à fond. Ils se rendirent avec plus d’honneur que l’ennemi n’en pouvait tirer de sa victoire. Mais cette catastrophe entraîna la perte de Louisbourg. Les assiégeans avaient été si découragés par la résistance qu’ils y avaient trouvée, et connaissaient si peu l’art de la guerre, que, regrettant les champs et le repos de leur colonie, ils demandaient déjà leur retour. Le voyageur espagnol a su d’eux-mêmes que, si la prise du Vigilant était arrivée quinze jours plus tard, ils auraient levé le siége ; mais cet avantage releva leurs espérances. Ils recevaient sans cesse des munitions de la Nouvelle-Angleterre ; et celles de la ville devant diminuer